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Bloc d'archives: État Civil
Type de document: État Civil - Mariages
Circonscription géographique: Belgique et étranger
Période: 1914-1918
Description: Analyse de l’enregistrement des mariages religieux des belges, bénis à l’étranger, pendant la Première Guerre Mondiale
Le 2 août 1907, à la demande du pape et futur saint Pie X, inquiet de la de plus en plus grande mobilité des personnes en Europe, le cardinal Vincenzo Vannutelli (1836-1930), pour lors préfet de la congrégation pour le Concile, promulguait le décret « Ne temere » destiné à empêcher les mariages clandestins en imposant, entres autres, qu’à dater de Pâques 1908, tout mariage catholique célébré soit désormais noté en marge des actes de baptême de chacun des conjoints et qu’au cas où le baptême aurait été célébré en une autre paroisse que le mariage, le curé de la paroisse où le mariage avait été béni devait le notifier, directement ou par l’intermédiaire de la curie épiscopale, au curé des paroisses où le baptême de chacun des conjoints avait eu lieu.
Le déferlement des troupes allemandes sur la Belgique à l’été 1914, suivi de l’occupation de la plus grande partie de notre pays, quatre années durant, ne sera pas sans conséquence pour le suivi des questions matrimoniales au sein des différentes administrations diocésaines belges. En effet, dans la panique générale créée par les massacres survenus en août 1914, pas moins de 1.500.000 belges vont fuir l’avancée allemande et chercher refuge dans des pays limitrophes : près de 1.000.000 aux Pays-Bas demeurés neutres, 350.000 en France et 150.000 en Angleterre. Si 90 % de ceux qui s’étaient réfugiés aux Pays-Bas reprendront, au bout de quelques semaines ou de quelques mois, le chemin de la Belgique, tel ne sera pas le cas de ceux qui s’étaient réfugiés tant en France qu’en Grande-Bretagne, nations alliées à la Belgique, et demeuraient séparés de leurs foyers par la ligne de front des combats. En outre, de par l’avancée allemande, la totalité des six curies diocésaines belges d’alors (Bruges, Gand, Malines, Liège, Namur et Tournai) se trouvait désormais en zone occupée et ne pouvait plus directement correspondre avec ses homologues français et britanniques. D’où la décision prise fin 1914 ou début 1915, de confier l’enregistrement prévu par le décret « Ne Temere » aux services de l’aumônerie militaire catholique belge, établis du côté d’Alveringem, en Belgique non occupée, et les consignes en matière de mariage régulièrement rappelées par l’aumônier en chef, Mgr Jean Marinis, à ses aumôniers divisionnaires.
Au total, ce ne seront pas moins de 3071 mariages (dont ceux de quelque 24 % de militaires belges) qui lui seront communiqués. Ont à ce jour été retrouvés les cahiers et registres contenant les mariages numérotés de 109 à 450 (consignés entre avril et novembre 1916 en trois cahiers) et de 1873 à 3071 (consignés entre janvier et décembre 1918 en un registre ; les n° allant de 1 à 108 (consignés de l’automne 1915 à mars 1916) et de 451 à 1872 (consignés de décembre 1916 à décembre 1917) sont malheureusement encore manquants) ; ce qui nous donne une base de données de quelque 1546 mariages bénis entre le 6 novembre 1914 et le 12 février 1919 à pouvoir analyser ; 1094 pour la France, 217 pour la Belgique non occupée, 127 pour la Grande Bretagne. Ces mariages ont pour les deux tiers d’entre eux été célébrés à moins de 200 km de la ligne de front (soit dans les diocèses de Bruges (217 mariages, surtout à La Panne (36), Alveringem (24), Furnes (22), Adinkerke (20) et Bulskamp (16)), Arras (Pas-de-Calais, 205 mariages), Paris (162 mariages), Rouen (Seine Maritime, 113 mariages), Coutances (département de la Manche, 59 mariages), Lille (département du Nord, 46 mariages) ou, pour l’Angleterre, Westminster (40 mariages)).
S’il y a corrélation entre le nombre de mariages et la densité de la population belge réfugiée, il appert alors que celle-ci était davantage concentrée dans l’Ouest de la France, soit les régions des Hauts de France (305 mariages), la Normandie (232 mariages), l’Île de France (188 mariages), la Nouvelle Aquitaine (84 mariages), la Bretagne (58 mariages), l’Occitanie (51 mariages) ou les Pays de Loire (50 mariages). La densité de la population belge réfugiée semble bien moindre dans Le Grand Est (sans doute un peu trop proche de la ligne de front, 9 Mariages) ou la région PACA (seulement 15 mariages sur la Côte d’Azur dont 6 à Marseille), bien que cependant l’on dénombre encore une bonne douzaine de mariages dans chacun des diocèses de Cahors (Lot), Lyon (Rhône) et Nevers (Nièvre). Pour ce qui est de la Grande Bretagne enfin, ce sont surtout les régions de Londres (40 mariages), la côte Sud (20 mariages) ou les régions de Glasgow (13 mariages) et de Leeds et de Nottingham (10 mariages chacune) qui auraient regroupé le plus de réfugiés belges. 40 % des belges réfugiés en Angleterre étaient originaires de la province d’Anvers, 17 % du Brabant, 17 % de Flandre occidentale (particulièrement de la région d’Ostende) et 13 % de Flandre orientale, ce qui pourrait s’expliquer par un exode via l’Escaut, ses affluents navigables et ses canaux, puis la mer du Nord, ou directement par mer, d’Ostende à Folkestone, telle que les évacuations massives furent organisées entre le 20 août et le 20 octobre 1914.
Ces 1546 mariages concernent 1503 belges de sexe masculin (dont au moins 380 soldats belges) et 600 de sexe féminin, pour 36 français, 820 françaises (parmi lesquelles une quarantaine de Calaisiennes et une cinquantaine de Parisiennes), 11 anglaises, 6 néerlandaises, 1 américain, 1 canadien et 1 suissesse. 35 % des conjoints (22 % des hommes, mais 65 % des femmes belges) étaient originaires de Flandre occidentale, 15 % du Brabant, 13,5 % de Flandre Orientale, 12,5 % du Hainaut et 12 ´% de la province d’Anvers. Au niveau endogamie, on constate qu’ils étaient 15 sur 64 (soit 23,5 %) à se marier entre Anversois, 13 sur 28 (soit 46,5 %) à se marier entre Malinois, 10 sur 19 (soit 52,5 %) à se marier entre habitants de Roulers et 7 sur 10 (soit 70 %, mais 100 % en Angleterre) à convoler entre Ostendais !
L’âge moyen au mariage semble avoir été de 26 ans pour les hommes et de 23 ans pour les femmes, la grande majorité d’entre eux ayant entre 22 et 34 ans pour les hommes et entre 18 et 33 ans pour leurs épouses. Parmi les jeunes et moins jeunes mariés, il y a 24 veufs âgés de 28 à 66 ans et 30 veuves âgées de 25 à 68 ans. Dans deux cas au moins la mariée s’avèrera avoir vingt ans de plus que son époux (25 – 45 ans et 37 – 56 ans). Une vingtaine de mariages ont été consignés deux fois (comme les données qu’ils fournissent ne sont pas exactement identiques, on peut considérer qu’ils ont sans doute été transmis deux fois par les curés de paroisse). La moyenne mensuelle des mariages communiqués à l’aumônerie militaire belge (en charge de la collecte de ces informations) est de 37 pour l’année 1916 et de 100 pour l’année 1918. Plusieurs indices de cas tragiques dans les derniers mois de la guerre : un soldat dont la date de naissance a été remplacée par la date de décès survenu deux mois après ses noces ; un autre marié « in extremis » à l’HM de Bxl 3 semaines après l’armistice ; une demi-douzaine d’orphelines de père et de mère âgées de moins de 20 ans. Plus anecdotique, des enfants reconnus, des cas de consanguinité proche (grands-parents communs) ou encore le mariage d’un religieux de 34 ans relevé de ses vœux.
Nombre d'actes: | 1.547 |
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Nombre de personnes: | 3.094 |
Dernière mise à jour: | mar. 26 mai 2020 09:33:32 CEST |
Données introduites par: Lt-Col Hre J-Fr. Van Caulaert
Statut: Clôturé