Name: Archives ecclésiastiques de la province de Namur
Period: VIIIe siècle - 1911
Inventoried scope: 194,8 linear meters
Archive repository: State archives in Namur
Heading : Catholicism
Authors: Bovesse, Jean
Year of publication: 1980
Code of the inventory: I20
Évêché.
Séminaire.
Officialité.
Chapitre cathédral Saint-Aubain, à Namur.
Chapitre Notre-Dame, à Ciney.
Chapitre Notre-Dame, à Dinant.
Chapitre Saint-Gengulphe, à Florennes.
Chapitre Saint-Feuillen, à Fosse.
Chapitre Notre-Dame, à Namur.
Chapitre Saint-Pierre-au-Château, à Namur.
Chapitre Notre-Dame et Saint-Felix, à Sclayn.
Chapitre Notre-Dame, à Walcourt.
Chapitre Sainte-Begge, à Andenne.
Chapitre Saint-Pierre, à Moustier-sur-Sambre.
Églises paroissiales, chapelles et bénéfices de la province de Namur
Abbaye de Brogne (Saint-Gérard).
Abbaye de Florennes.
Abbaye de Gembloux.
Prieuré de Nameche.
Abbaye de la Paix Notre-Dame, à Namur.
Abbaye de Waulsort.
Abbaye d'Argenton, à Lonzée.
Abbaye de Boneffe.
Abbaye de Grandpré, à Faulx-les-Tombes.
Abbaye du Jardinet (à Walcourt).
Abbaye de Marche-les-Dames.
Abbaye de Moulins, à Warnant.
Abbaye Saint-Remy, à Rochefort.
Abbaye de Salzinnes (à Namur).
Abbaye de Floreffe.
Abbaye de Leffe (à Dinant).
Abbaye de Géronsart, à Jambes.
Abbaye de Malonne.
Couvent de Croisiers, à Dinant.
Couvent des Croisiers, à Namur.
Augustins de Bouvignes.
Célestines de Namur.
Chanoinesses du Saint-Sépulcre, à Bouvignes.
Chanoinesses du Saint-Sépulcre, à Marienbourg.
Ursulines de Dinant.
Ursulines de Namur.
Carmélites de Ciney.
Carmélites de Dinant.
Carmélites chaussées ou Dames Blanches de Namur.
Carmélites déchaussées de Namur.
Carmes déchausses de Marlagne et de Namur.
Carmélites de Rochefort.
Carmes de Willerzie.
Dominicains de Namur.
Annonciades de Namur.
Capucins de Namur.
Frères Mineurs conventuels de Dinant.
Récollectines de Bouvignes.
Récollectines de Couvin.
Récollets de Florennes.
Récollets de Namur.
Récollectines ou Sœurs Grises de Namur.
Récollectines de Philippeville.
Sœurs Grises de Dinant.
Sœurs Grises de Fosses.
Collège des Jésuites de Dinant.
Collège des Jésuites de Namur.
Béguinage Hors-Postil, à Namur.
Béguinage des Quatre Filles en Cuvirue, à Namur.
Le Namurois n'a jamais été un pays d'institutions religieuses particulièrement florissantes et importantes, si l'on excepte l'une ou l'autre comme l'abbaye de Floreffe (la deuxième en date de l'Ordre de Prémontré), qui jouit de la protection et des faveurs de la maison comtale. Mais ces institutions n'en furent pas moins nombreuses et quantité d'entre-elles remontent au haut moyen Âge, plusieurs même au VIIe siècle. Dès le milieu du XIIIe siècle, on dénombrait environ vingt-cinq chapitres et abbayes sur un territoire dont la superficie ne couvrait qu'un tiers de la province de Namur actuelle. De plus, comme l'a fort bien souligne M. L. Genicot, (1)si le patrimoine ecclésiastique dans le Namurois était "morcelé en très petits fragments", il était néanmoins "globalement" "réellement imposant". Au XVe siècle, ce patrimoine représentait environ 10 % de la fortune immobilière totale du comté; à la fin du XVIIIe siècle, un sixième des terres namuroises était propriété du clergé.
Nous rappelons que presque tout le territoire de la province actuelle de Namur fit partie, au point de vue religieux, de l'évêché de Liège jusqu'au milieu du XVIe siècle. Le comté de Namur ne devint diocèse indépendant qu'en 1559 (le territoire de ce diocèse s'étendait en gros au comté de Namur et au Brabant wallon). II importe de noter, d'autre part, que la province actuelle de Namur se compose de presque tout l'ancien comté, de localités comprises anciennement dans les duchés de Brabant et de Luxembourg et d'une partie non négligeable de la principauté de Liège. II s'ensuit que l'on pourra trouver, dans les fonds d'archives des institutions centrales namuroises (et notamment religieuses), de la documentation sur l'histoire de localités étrangères à la province de Namur actuelle ; par ailleurs, les fonds généraux des Archives générales du Royaume et des Archives de l'État, à Liège contiennent de précieux renseignements, notamment au point de vue religieux, sur des localités aujourd'hui namuroises, mais anciennement brabançonnes ou liégeoises (Cf. D.Bbouwers : 1) Inventaire sommaire des archives ecclésiastiques de la province de Namur, Bruxelles [1909], pp. 2-4); 2) La formation territoriale de la province de Namur, dans La Province de Namur. 1830-1930, Namur, 1930, t. I, pp. 11-16 ; F. Jacques, Atlas d'histoire ecclésiastique du Namurois, dans Annales de la Fédération archéologique et historique de Belgique, Congrès de Namur, 1938, fasc. iv, pp. 312-318).
Aussi l'histoire des maisons religieuses namuroises mérite-t-elle, à plus d'un titre, de retenir l'attention et de faire l'objet de travaux approfondis.
Ces maisons religieuses ont heureusement laissé, pour la plupart, des archives plus ou moins considérables selon les cas, mais présentant toutes un intérêt des plus vifs (c'est notamment parmi elles que l'on trouve les documents les plus anciens du dépôt, VIIIe s.) (2) Et la majeure partie de cette précieuse documentation se trouve conservée au dépôt des Archives de l'État, à Namur où elle constitue, assurément, l'une des collections les plus riches et les plus importantes.
Une notable partie de ces archives religieuses namuroises fut rassemblée dans les dernières années du XVIIIe siècle à la suite des confiscations opérées par le Gouvernement de la République, lors de la seconde invasion française. (3)Toutefois, de nombreux documents échappèrent alors aux recherches, les détenteurs d'archives les ayant détruits ou cachés dans la crainte de visites domiciliaires. Sous le régime français, l'Administration des Domaines en effectua le triage, mais, à ce moment, on n'attacha pour ainsi dire de l'importance qu'à tout ce qui pouvait présenter un intérêt fiscal (recouvrement des créances ou de biens au profit de l'État). Une fois le but fiscal rempli, on se souciait bien peu de la conservation des titres... Les documents considérés comme inutiles étaient réunis en liasses sur lesquelles on inscrivait "à mettre au rebut" (il est à noter que c'est parmi ces documents que Jules Borgnet, le premier conservateur du dépôt de Namur (1848-1872), trouva les chartes les plus intéressantes au point de vue historique...). En exécution de la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796), on disposa, ensuite, les archives religieuses dans les mansardes du Palais de la Préfecture (Ancien Palais épiscopal, futur Palais provincial), où elles devaient rester à l'abandon et dans le plus grand désordre jusqu'en 1844. C'est ainsi que quantité de titres furent détruits ou égarés....
Sous le Gouvernement hollandais, de nouvelles confiscations d'archives eurent lieu, qui furent encore inspirées, du moins au début, par des motifs utilitaires. Nombre de pièces saisies furent déposées chez les receveurs des Domaines, où elles ne firent l'objet d'aucun classement méthodique.
Cependant, comme on le sait, une évolution s'était peu à peu produite dans les esprits au sujet de la sauvegarde et de l'utilisation des archives. Le Gouvernement hollandais finit par comprendre l'interêt que celles-ci pouvaient représenter pour les recherches historiques et, avec le précieux concours de Gachard, il prit une série de mesures en vue d'assurer la conservation et la mise en valeur de tous les témoignages écrits du passé.
C'est ainsi que le 6 octobre 1825, une circulaire de l'Administrateur des Domaines du 5e ressort prescrivit aux receveurs des Domaines de la province de Namur de faire transmettre au Tribunal de Namur les archives d'anciennes corporations religieuses existant dans leurs différents bureaux. Le Receveur de Namur, pour sa part, put rassembler plusieurs centaines de volumes mais, d'une façon générale, la remise par les institutions religieuses de leurs anciennes archives ne se fit pas sans de grosses difficultés.
Ainsi la fabrique de l'église cathédrale de Namur, qui détenait les archives des chapitres de Saint-Aubain et de Notre-Dame à Namur, ne répondit point aux demandes qui lui avaient été faites de restituer ces titres à l'Administration des Domaines. La Commission permanente du Syndicat d'amortissement chargea alors l'Administrateur des eaux et forêts du ressort de se concerter avec le Procureur général à Liège et avec le Commissaire aux recherches des Domaines Lion, sur les mesures à prendre pour obtenir la saisie des documents en question. Le Procureur général écrivit ensuite, le 29 septembre 1827, à son collègue de Namur pour l'inviter a se rendre, en compagnie du juge d'instruction et le dit commissaire, dans les bureaux de la fabrique, aux domiciles des receveurs de cet établissement de même qu'aux domiciles des personnes susceptibles de conserver encore des titres, de placer les documents sous scellé et d'en faire ordonner la remise par le Tribunal de Namur à l'administrateur des Domaines. Plusieurs visites devaient ainsi avoir lieu de 1827 à 1829, lesquelles permirent la saisie de nombreux volumes ; une partie de ceux-ci fut transportée au Tribunal civil et placée sous la garde du Greffier, tandis que le reste demeura dans une mansarde des bâtiments de l'église cathédrale, dont la porte fut scellée.
En 1826, le Ministre de 1'Interieur chargea Gachard de l'inspection de tous les dépôts d'archives de Belgique. Puis, l'année suivante (par dépêche du 22 mai 1827), il demanda au Gouvernement provincial de Namur des renseignements sur les divers dépôts d'archives existant dans la province, sur l'état des documents et sur le degré d'avancement de leur classement. Le 5 juin 1827, le Gouverneur de Namur écrivit à ses commissaires de district pour obtenir des éléments de réponse, mais les renseignements qu'il obtint furent, la plupart du temps, des plus vagues et des plus incomplets, et, de plus, souvent erronés.
Cependant, Gachard avait entrepris sa tournée d'inspection. C'est ainsi qu'il vint à Namur où, le 28 octobre 1828, il demanda audience au Gouverneur. II s'enquit de ce qu'étaient devenues les archives de 1'évêché, notamment auprès du chanoine de Hauregard, secrétaire du chapitre cathédral, mais personne ne put le renseigner sur ce point... Par contre, il put obtenir l'autorisation d'examiner des archives du chapitre cathédral restées à 1'église Saint-Aubain où elles avaient été mises sous scellé peu de temps auparavant. Par la suite, il devait apprendre du chanoine de Hauregard que les chanoines de Namur demandaient de n'avoir plus la charge de leurs archives et désiraient que le Gouvernement les débarrassât de ce soin ; le chanoine de Hauregard émettait même le vœu que ces archives fussent réunies au dépôt de Bruxelles et Gachard écrivit dans ce sens au département, en faisant remarquer qu'il n'y avait pas à Namur de dépôt provincial. Le 7 février 1829, Gachard envoya, en effet, à l'Administrateur de 1'Instruction publique, des Sciences et des Arts, un rapport général sur son inspection dans les provinces de Liège, de Hainaut et de Namur, rapport où il estimait, entre autres, que "le département de Sambre-et-Meuse, aujourd'hui la Province de Namur, fut un de ceux où l'on s'occupa le moins des opérations prescrites par la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796) pour le rassemblement des dépôts acquis à la République". (4)Ce projet, heureusement, ne fut pas mis à exécution.
II convient de signaler, d'autre part, qu'à l'époque où des documents étaient remis au Greffe du Tribunal de Namur, c'est-à-dire vers les années 1829-1830, le Gouvernement envoya au Séminaire de Namur quantité de documents provenant de diverses corporations religieuses et dont la plupart n'avaient aucun rapport avec cet établissement.
Les archives conservées au Palais provincial et au Palais de Justice de Namur furent visitées à nouveau par Gachard, le 3 janvier 1833. Celui-ci adressa, le 19 janvier suivant, au Ministre de l'Intérieur une liste d'archives qui, en vertu d'un arrête royal du 15 octobre 1832, (5)devaient être retirées du Palais de Justice et expédiées aux Archives générales du Royaume " parce qu'il n'y a point, écrivait-il, dans la province [de Namur] de dépôt où ils pourraient être placés et de plus parce que nous avons dejà ici les archives des anciens souverains et les archives des anciens états de cette province "; or dans cette liste figuraient cinq volumes provenant d'établissements religieux saisis par les agents des Domaines. Dans son rapport, Gachard traitait, en outre, mais brièvement, des archives religieuses qu'il avait pu découvrir, mais le froid rigoureux qui sévissait alors à Namur l'avait malheureusement empêche, disait-il, de les examiner. Gachard revint encore à Namur, le 29 décembre 1833, et, quelques jours plus tard, 1'ensemble des archives précitées fut expédié à Bruxelles par les soins du greffier du Tribunal de Namur; il est à noter que ce lot d'archives comprenait deux volumes du XIVe siècle des chapitres Saint-Aubain et Saint-Pierre, de Namur, qui, normalement, auraient dû rester à Namur (où ils sont, heureusement, revenus depuis lors...).
Quelques années passèrent, sans qu'aucun changement important fût apporté à la situation des archives religieuses namuroises.
C'est seulement en 1844 que de nouvelles mesures furent prises en ce qui concerne la conservation et la mise en valeur de cette précieuse documentation. Cette année, en effet, toutes les archives religieuses conservées au Palais provincial furent transportées au Palais de Justice de Namur où Jules Borgnet entreprit aussitôt leur classement.
Hélas, les lacunes offertes par la documentation sur l'histoire ecclésiastique du Namurois étaient considérables et Borgnet s'en plaignait amèrement: " Je ne puis préciser ce qui a disparu, écrit-il le 1er novembre 1846, mais ce que je puis assurer, c'est qu'à partir du commencement de ce siècle, jusqu'a mon entrée en fonctions, le Palais de Justice de Namur a été une véritable boutique de parchemin ou s'approvisionnaient les relieurs de la ville et, pour ce qui concerne les archives religieuses en particulier, je n'ai rencontré qu'une quarantaine de chartes cachées sous des tas énormes de papiers, circonstance qui les a sans doute sauvées de la destruction". (6) Mais on aurait tort d'attribuer les pertes d'archives religieuses namuroises uniquement à la façon dont furent conduites les opérations de triage sous les régimes français et hollandais, et aux actes de vandalisme qui furent commis a cette époque. II ne faut pas perdre de vue qu'au cours des siècles, les archives religieuses namuroises avaient déjà - comme beaucoup d'autres d'ailleurs - subi de graves dégâts (vols, pillages, incendies, etc.). (7)D'autre part, il convient de faire remarquer qu'autrefois, lors des procès, il arrivait fréquemment que les titres originaux fussent produits comme pièces justificatives et restassent la possession de procureurs ou d'avocats (quand ils n'étaient pas conserves dans les archives de la juridiction); de plus, dans les nombreux arbitrages de différends, il n'était pas rare que ces titres fussent détruits ou brûlés ; enfin, lors des aliénations de biens, les documents originaux relatifs a ceux-ci passaient aux mains des acheteurs. (8) Toutes ces considérations expliquent, en grande partie, pour quelles raisons les archives religieuses namuroises, malgré les accroissements de diverses natures qui eurent lieu aux XIXe et XXe siècles, sont loin d'être complètes et même se trouvent à l'état fragmentaire pour certains établissements.
En 1845, c'est-à-dire trois ans avant la création officielle du dépôt des Archives de l'État à Namur, les archives religieuses namuroises comprenaient quelque 800 volumes et liasses et environ 1800 chartes et autres actes sur parchemin, appartenant à 52 communautés. Les maisons religieuses dont on conservait le plus de documents étaient les chapitres de Saint-Aubain et de Notre-Dame à Namur et les abbayes de Moulins et de Salzinnes. Pour les institutions suivantes : évêché, Séminaire, Collégiale Saint-Pierre-au-Château de Namur, Abbayes de Waulsort, Floreffe, Brogne, Couvents des Dames Blanches, Annonciades, Bénédictines et Carmes déchaussés de Namur, Carmélites de Ciney, Sœurs Grises de Fosses et Augustins de Bouvignes, les pertes étaient considérées comme importantes, mais ce qui subsistait était néanmoins des plus précieux. Le reste des archives religieuses ne méritait pas une mention spéciale et ne se composait, pour chaque corporation, que de quelques volumes ou titres. D'une façon générale, les plus anciens volumes remontaient au XIVe siècle. Dans son rapport de 1846 le conservateur signalait notamment un cartulaire de Saint-Aubain à Namur de la fin du XIVe siècle, un cartulaire de Notre-Dame de Namur commencé à la même époque, un autre de 1'abbaye de Moulins du XVe siècle, et enfin un volume de 1734, copie d'un ancien cartulaire de la collégiale de Fosses. Pour plusieurs abbayes, il existait aussi un bon nombre de recueils d'actes et de pièces importantes d'époques diverses. Quant aux documents sur parchemin, les plus anciens provenaient de l'abbaye de Waulsort et remontaient aux années 1037-1074. On gardait peu de chose des XIe et XIIe siècles, mais, à partir du début du XIIIe siècle, les titres devenaient plus nombreux. C'est ainsi que pour l'abbaye de Salzinnes, on comptait 70 diplômes du XIIIe siècle (depuis l'année 1202).
II importe de signaler, ici, que des archives religieuses se trouvaient alors dans d'autres dépôts que celui de Namur, et que, par conséquent, on pouvait espérer, un jour ou l'autre, les réunir à celles entassées au Palais de Justice de Namur. Ainsi les archives du chapitre de Sclayn, qui avaient été transportées en Allemagne en 1794, lors de l'entrée des Français dans notre pays, étaient revenues à Bruxelles en 1838, du moins une partie (une vingtaine de volumes et 227 chartes et titres sur parchemin, dont 4 du XIIe s.), et cela à la suite de démarches de Gachard. Se trouvaient aussi à Bruxelles deux volumes du XIVe siècle des chapitres Saint-Pierre et Saint-Aubain à Namur (dont nous avons fait mention), de même que des cartulaires des abbayes de Floreffe et Moulins et des chapitres Notre-Dame (9) et Saint-Aubain à Namur. D'autre part, le dépôt de Liège détenait, sans motif sérieux, les archives des chapitres nobles d'Andenne (10) et de Moustier (archives qui étaient particulièrement riches et complètes), ainsi que des archives des abbayes de Waulsort et de Grandpré. Faut-il ajouter que des séries d'archives et documents isolés, ayant appartenu à des institutions religieuses, se trouvaient encore dispersés dans de nombreux endroits de la province de Namur, laissés la plupart du temps à 1'abandon ?...
Grâce aux incessantes démarches du conservateur Jules Borgnet, les fonds d'archives religieuses du dépôt de Namur devaient, heureusement, s'accroître rapidement et de manière régulière. En 1844, un particulier avait déjà fait don de 8 volumes de biens, cens et rentes de la paroisse Saint-Jean l'Évangéliste à Namur. En 1850, le Palais de Justice de Namur reçut de nombreuses et importantes archives que la direction de l'Envolumement et des Domaines avait expédiées à Bruxelles en 1846, à savoir environ 150 volumes et 150 pièces, du XIVe au XVIIIe siècle, d'abbayes, de chapitres, de cures et de couvents. (11)La même année, Borgnet put acquérir, d'un relieur de sa ville, 525 chartes et autres actes sur parchemin du chartrier de l'abbaye de Géronsart, du XIIe au XVIIe siècle. (12)Une quarantaine d'autres pièces de ce même chartrier firent l'objet d'un don de trois particuliers (dont un ancien curé de Wancennes). Un membre de la Société archéologique de Namur offrit, de son côte, une centaine de sceaux autrefois appendus aux chartes de Géronsart et que l'on avait pris " soin " de couper avant de vendre les parchemins... En 1852, le dépôt de Bruxelles envoya à Namur une trentaine de volumes appartenant à diverses communautés religieuses namuroises (que le Gouvernement hollandais avait rendus à la Belgique avec les actes de la Commission générale de liquidation de la dette des provinces méridionales établie à La Haye), ainsi que 8 volumes du XVIIIe siècle de l'abbaye de Boneffe, découverts dans les archives domaniales. A la même époque, un ingénieur chef des ponts et chaussées de Namur fit don de 296 chartes et titres sur parchemin, du XIIIe au XVIIIe siècle, provenant d'un administrateur des biens des couvents supprimés par Joseph II. Signalons aussi le don qu'Adolphe Borgnet, professeur à l'Université de Liège, fit à son frère Jules de quelques documents des XIIIe et XIVe siècles, relatifs au chapitre de Walcourt et à la collégiale Saint-Pierre-au-Château de Namur. Deux ans plus tard, un sénateur de Gand se débarrassait au profit du dépôt de Namur de 14 documents du XIIIe au XVIII siècle de l'abbaye de Salzinnes. En 1855, l'Académie royale de Belgique, suite à une demande de Jules Borgnet, accepta de restituer un diplôme portant la date de 887 et concernant l'abbaye de Brogne, diplôme qui avait été extrait, en 1837, du Greffe du Tribunal de Namur. Les Archives générales du Royaume envoyèrent, de leur côté, un volume du chapitre de Sclayn, des XVIe et XVIIe siècles, trouvé dans les archives des Domaines et 5 volumes et liasses de l'abbaye d'Argenton et des couvents des Croisiers, Carmélites chaussées et Récollectines de Namur (XVIIe et XVIIIe s.), provenant d'un achat. En 1857, Gachard fit transférer de Liège à Namur 671 chartes sur parchemin, 97 actes sur papier, 66 volumes et liasses d'archives des abbayes de Waulsort, Grandpré et Géronsart, du Xe au XVIIIe siècle. Borgnet en profita aussitôt pour demander à l'Archiviste Général du Royaume la remise, par son collègue de Liège, des archives d'Andenne et de Moustier dont nous avons parlé, mais Gachard lui répondit (le 19 décembre 1857) que ce déplacement d'archives rencontrerait, à son avis, une grande opposition de la part de I'Administration provinciale de Liège, et l'affaire en resta là, provisoirement.
Quelle était, il y a un siècle, la situation des archives religieuses namuroises au dépôt de Namur?
Ces archives représentaient au total environ 1000 volumes et liasses et 3000 chartes et actes sur parchemin, ressortissant à quelque 58 communautés religieuses. Toutefois, pour nombre de celles-ci, la documentation restait toujours assez maigre. Une dizaine d'institutions n'étaient même représentées que par une seule pièce. Et le conservateur estimait que l'on ne parviendrait jamais à combler toutes les lacunes...
Pour l'évêche, on ne dénombrait qu'une douzaine de volumes des XVIIe et XVIIIe siècles et une charte de 1633. Pour le Séminaire, on disposait seulement de 5 volumes et de 7 liasses, dont 3 concernaient des bourses d'études. Du chapitre cathédral de Namur, il ne subsistait plus qu'une vingtaine de chartes originales (dont la plus ancienne remontait à 1174), un cartulaire sur papier de la fin du XIVe siècle et 17 volumes d'Acta capitularia (1470-1744). Les archives du chapitre de Notre-Dame de Namur comprenaient, elles, 415 chartes et autres actes sur parchemin (depuis 1225) et quelques recueils de copies de chartes et titres et testaments du XIVe au XVIIe siècle, celles de la collégiale de Saint-Pierre-au-Château de Namur, 71 chartes (depuis 1296) et 2 volumes des XVe et XVIe siècles. Pour la collégiale de Fosses, on ne pouvait citer qu'un seul document vraiment digne d'intérêt: un cartulaire de 1734. De la collégiale de Walcourt, on gardait 115 chartes depuis le XIIIe siècle, et 3 volumes depuis la fin du XIVe. Les archives de l'abbaye de Géronsart étaient plus riches en raison de l'acquisition de 1850. La documentation relative à l'abbaye de Moulins pouvait être considérée alors comme l'une des plus complètes : 750 chartes environ, mais presque toutes des XVe-XVIIIe siècles (3 seulement du XIIIe et 31 du XIVe), un cartulaire du XVe et un recueil de la fin du XVIIIe s. relatif au prieuré de Saint-Héribert. Par contre, pour l'abbaye de Brogne, les séries étaient bien fragmentaires ; on ne relevait, en effet, que 31 chartes dont 3 du début du XIIIe s. et 24 liasses et volumes dont un cartulaire. L'abbaye de Waulsort était également fort mal représentée car la majeure partie de ses archives se trouvait toujours au dépôt de Liège : on comptait seulement une vingtaine de chartes depuis 1037 et 16 volumes et liasses. Pour l'abbaye de Salzinnes, en revanche, on conservait d'assez belles archives dont un chartrier de près de 400 pièces (77 du XIIIe et 76 du XIVe s.), 25 volumes et 128 liasses depuis le XIVe siècle. Des abbayes de Grandpré, du Jardinet et de Gembloux, il y avait peu de chose. Enfin, pour les abbayes de Leffe et de Boneffe, la documentation était quasi inexistante.
II serait trop long et fastidieux de citer, ici, tous les accroissements réalisés par le dépôt de Namur depuis cent ans sous le rapport des archives ecclésiastiques. Nous nous bornerons à en citer quelques-uns parmi les plus importants et les plus significatifs.
En 1861, l'Archiviste Général du Royaume fit acheter, à une vente de bibliothèque à Bruxelles, un rouleau de parchemin contenant la liste chronologique des abbés de Floreffe depuis le XIVe siècle. II expédia aussi à Namur 18 comptes des abbayes de Brogne et de Waulsort et de la collégiale d'Andenne (XVIIe-XVIIIe s.).
L'année suivante, Borgnet insista, à nouveau, pour obtenir les archives des chapitres nobles d'Andenne et de Moustier restées à Liège " fort induement, disait-il, et sans autre titre qu'une espèce de prescription ". Or, le Gouvernement avait acquis, depuis peu, les archives de l'abbaye de Flône et il était question que le département de l'Intérieur les remit au dépôt de Liège, à condition que celui-ci cédât à Namur les archives des deux chapitres en question. Ce projet fut sur le point de se réaliser, mais il échoua malheureusement au dernier moment. Gachard proposa, alors, à Borgnet que le Gouvernement de Namur réclamât les archives au nom de la province et il lui promit son concours. Le 30 novembre 1862, Borgnet écrivit donc au Gouverneur, suite à une lettre de Pinchart, archiviste à Liège (en date du 9 octobre 1862), afin que ces archives fussent envoyées, sans retard à son dépôt, car, selon lui, elles n'étaient " d'aucune utilité et n'étaient pas consultées à Liège, alors qu'elles seraient utilement mises à profit à Namur, non seulement par tous ceux qui s'occupent de recherches historiques, mais encore par plusieurs administrations et par toutes les familles alliées aux anciennes chanoinesses". (13) Borgnet vit ses efforts récompensés car, en 1863, son dépôt reçut 693 volumes, liasses et chemises du chapitre d'Andenne, de même que 176 volumes du chapitre de Moustier, au total 869 volumes, outre environ 400 chartes sur parchemin depuis le XIIIe siècle. C'était pour le dépôt de Namur une très importante et précieuse acquisition. La même année, une dame namuroise fit don d'une charte de 1198, du marquis de Namur Philippe le Noble pour le chapitre Saint-Pierre à Namur, sans se douter qu'au verso du parchemin, se trouvait la Relatio de infeodatione comitatus Namurcensis rédigée et écrite par Gislebert de Mons!
Pour 1'année 1864, il faut mentionner la remise, par Bruxelles, d'une cinquantaine de volumes, du XVe au XVIIIe siècle, des chapitres d'Andenne et de Walcourt et de l'abbaye de Gembloux, trouvés dans les archives du Conseil de Brabant. Un maître de verrerie namurois céda au dépôt 3 volumes du chapitre de Notre-Dame de Namur, dont un contenant des actes capitulaires (XVe-XVIIe s.).
L'année suivante, Borgnet reçut encore de Bruxelles une partie des archives des abbayes d'Argenton (21 actes sur parchemin et 37 volumes, XIIIe-XVIIIe s.) et de Géronsart (157 actes sur parchemin et 2 volumes, XIIe-XVIIIe s.), ainsi qu'un lot important d'archives de l'abbaye de Marche-les-Dames, provenant d'un curé d'Essen (près de Dusseldorf) (1108 actes sur parchemin, 32 volumes et liasses, du XIIIe au XVIIIe s.). Le dépôt de Liège lui expédia 25 grandes cartes généalogiques armoriées et coloriées des chapitres nobles d'Andenne et de Moustier (avec 22 liasses, XVIe-XVIIIe s.) et une trentaine de volumes des abbayes de Florennes, Gembloux, Géronsart et Waulsort. Un avocat de Fosses fit don d'une bulle du pape Eugène IV, de 1433, concernant le chapitre de sa ville.
En 1867, les Archives générales du Royaume achetèrent, à la vente d'une bibliothèque à Bruges, un cartulaire de rentes de Géronsart de 1470-1482. En 1870, quelques documents du chapitre d'Andenne furent découverts dans un triage aux Archives de l'État à Mons. En 1871, un curé de Liernu remit un obituaire de Boneffe de 1674. En 1873, l'Archiviste Général expédia à Namur un volume de cens et rentes dus à l'abbaye de Gembloux, qu'un conseiller à la Cour d'appel avait donné à la Bibliothèque royale. L'année suivante, le conservateur Stanislas Bormans - qui avait succédé à Borgnet (+ 1872) - provoqua la remise à son dépôt de nombreux parchemins et anciens actes provenant de diverses communautés religieuses que son prédécesseur avait laissés dans la bibliothèque de la Société archéologique de Namur dont il avait assumé le secrétariat; un volume sur parchemin de 1395 de la cure de Namêche entra, par la même voie, aux Archives de l'État à Namur. C'est aussi en 1874 qu'eut lieu la remise, par le dépôt de Liège, de 15 volumes provenant des Jésuites de Dinant.
L'année 1876 vit le dépôt de Namur s'enrichir notamment d'importantes archives de la collégiale de Sclayn que l'on attendait depuis de nombreuses années; (14)en dehors d'une vingtaine de volumes on relevait 4 chartes du XIIe s., 12 du XIIIe et 233 des siècles suivants ; un chassereau de rentes dus à une chapelle de 1'église Notre-Dame de Namur accompagnait cet envoi.
A cette époque, la collection des archives ecclésiastiques du dépôt de Namur comprenait plus de 2000 volumes et liasses et environ 5000 chartes et titres sur parchemin.
L'année 1881 fut surtout marquée par l'achat, à un marchand liégeois, du très beau cartulaire sur vélin de l'abbaye de Floreffe, de la fin du XIIIe siècle, et par l'acquisition, à un libraire de Maastricht, d'un cahier aux trescens de l'abbaye de Salzinnes, de 1430 (ces deux documents furent achetés pour les sommes de 170 et 15 frs.). Un sénateur de Dhuy eut la bonne idée de se débarrasser d'un cartulaire de Salzinnes, de 1741, et de quelques volumes de l'abbaye de Boneffe, des XVIIe et XVIIIe siècles.
Les importantes archives de la collégiale de Dinant n'entrèrent au dépôt de Namur qu'en 1884: au total, 497 actes sur parchemin de 1230 à 1671 et environ 200 volumes et liasses. Les Archives générales du Royaume expédièrent encore à Namur de nombreux documents au cours des années 1885 et 1886, en particulier plusieurs originaux, (15)des XIe-XIIIe s., concernant les abbayes de Brogne, Floreffe, (16)Florennes, Boneffe, Grandpré, Waulsort et Rochefort et le chapitre d'Andenne. Une transaction avec les héritiers d'un greffier de Fosses permit l'acquisition, à la même époque, d'un bon nombre de pièces relatives à la collégiale Saint-Feuillen de cette ville.
Le dépôt de Namur reçut encore, de l'État, en 1890, un diplôme de 1791 de l'empereur Léopold II concernant la sécularisation de l'abbaye Saint-Remy à Rochefort, et, en 1895, une charte de Henri, évêque de Liège, pour l'abbaye de Floreffe (1155), de même que 135 chartes du chapitre Saint-Pierre à Namur, des XIIe-XVIe siècles.
Les accroissements d'archives religieuses namuroises, depuis le début du XXe siècle, furent dans l'ensemble, moins nombreux et moins importants, ce qui est normal, étant donné les entrées du siècle dernier.
Nous signalerons, entre autres, l'acquisition (par des remises de Bruxelles): en 1890, d'un cartulaire de l'abbaye de Waulsort et d'un obituaire de la collégiale de Saint-Pierre à Namur, tous deux du XIVe siècle ; en 1901-1903, de plusieurs cartulaires de Floreffe, Gembloux, Moulins, Saint-Aubain à Namur et obituaires de Floreffe et d'Argenton ; en 1904-1905, d'une série de volumes aux revenus du couvent des Sépulchrines de Mariembourg (XVIIIe s.). 9 chartes du XIIIe siècle du chapitre Saint-Aubain à Namur furent achetées en 1905 et 1912 à un habitant de Neuville (France) et à un curé de Robelmont (près de Virton). En 1913, l'Archiviste Général envoya 6 chartes et 1 acte sur papier de l'abbaye de Waulsort, de 1200 à 1443. En 1921, le dépôt de Namur reçut aussi de Bruxelles plusieurs liasses de procédures du chapitre de Sclayn. En 1928, un compte de l'abbaye de Géronsart fut trouvé dans les archives de la ville de Nivelles. En 1938, un catalogue sur parchemin de religieux des XVe-XVIIe siècles (Manuscrits divers des Archives générales, n° 769 A) et une charte de 1368 provenant d'un échange avec les Allemands, enrichirent les archives respectivement de l'abbaye de Floreffe et du chapitre Notre-Dame à Namur. En 1947, un vicomte remit à Namur un bel armorial du XVIIIe siècle du chapitre de Moustier-sur-Sambre. Puis, en 1952, un notaire de Bruxelles offrit des documents de Géronsart, à savoir : un obituaire du XVIIe siècle, un censier du milieu du XVIe et 9 fragments de manuscrits des XIe-XIIe s. ayant servi de couvertures à des volumes. La même année, 3 brefs du pape Pie VII, de 1780, adressés à l'évêque de Namur, furent découverts aux Archives de l'État à Gand. En 1953, à la suite d'un accord d'échange, le dépôt de Maastricht remit 4 volumes de cens et rentes (XVIIe s.) dus à l'autel Saint-Ultain de Fosses. En 1956, le dépôt de Namur s'accrut d'un beau cartulaire sur parchemin du chapitre de Notre-Dame de Namur (anciens Manuscrits divers n° 15 des Archives générales), de 14 volumes aux cens et rentes, des XVe-XVIe s., du chapitre de Sclayn, et d'une chronique des seigneurs et abbés de Florennes, de 1736. En 1960, les Archives générales du Royaume envoyèrent au dépôt de Namur une lettre de 1669 intéressant les Sépulchrines de Mariembourg (document acheté dans une vente). Signalons, enfin, les dépôts effectués tout récemment, par les fabriques d'églises de Vezin et de Custinne, de documents du XVIIe au XIXe s.
Ainsi, peu à peu, par des remises effectuées principalement par les Archives générales du Royaume et le dépôt de Liège, par des dons de particuliers, par des achats et des échanges, les fonds d'archives ecclésiastiques du dépôt de Namur, au début plus ou moins fragmentaires, se sont accrus de manière très sensible et il est peu probable, désormais, que ces fonds puissent encore s'enrichir considérablement.
A l'heure actuelle, 1'ensemble des archives religieuses du dépôt de Namur comprend 3772 cartons de parchemins, volumes, cahiers, liasses et chemises, s'étendant en gros du VIIIe à la fin du XVIIIe siècle.
II importe de faire remarquer, ici, que tous les documents manquants dans chacun des divers fonds ecclésiastiques du dépôt des Archives de l'État à Namur ne doivent pas être considérés nécessairement comme perdus.
C'est ainsi que des manuscrits et documents diplomatiques ayant appartenu à des institutions religieuses du Namurois peuvent être consultés notamment à Namur, à l'Hôtel de Croix (fonds de la Ville et de la Société archéologique), à 1'évêché (fonds du Chapitre cathédral et fonds du Musée diocésain), au Grand Séminaire et aux Sœurs de Notre-Dame. La bibliothèque de l'abbaye de Maredsous possède aussi des cartulaires, livres de comptes, etc., provenant des abbayes de Saint-Gérard, Florennes, Waulsort, Marche-les-Dames et du chapitre de Florennes. (17)Signalons d'autre part que pas mal de fabriques d'églises possèdent encore quantité de documents de l'ancien régime pour lesquels il serait hautement souhaitable que des inventaires fussent établis. (18)II convient enfin d'attirer l'attention sur le fait que, pour nombre d'églises, chapelles et bénéfices, les archives des chapitres et abbayes qui les desservaient et administraient, contiennent une documentation des plus précieuses. (19)
C'est en 1843 que fut entrepris, par Jules Borgnet, le premier triage scientifique des archives religieuses accumulées depuis la fin du XVIIIe siècle. Borgnet se trouvait devant une tâche énorme et ardue car ces archives étaient parvenues dans le plus grand désordre (il arrivait fréquemment qu'une même liasse comprit des documents ayant appartenu à 7 ou 8 communautés). II fallait donc, comme travail préparatoire, assigner à chaque institution les documents qui la concernaient, puis les regrouper et, enfin, veiller à compléter les séries au fur et à mesure des accroissements. Pendant toute sa carrière d'archiviste - hélas trop brève (1843-1872) - Borgnet se consacra à cette oeuvre avec un soin et une persévérance admirables et, il faut le souligner, sans l'aide d'archivistes adjoints. Un premier classement général fut terminé en 1858 et, vers 1860, Borgnet put établir un inventaire d'ensemble très sommaire qui devait servir de base à tous les inventaires rédigés par la suite. L'œuvre féconde de Borgnet fut activement poursuivie par ses successeurs, en particulier par Léon Lahaye (1885-1905). Des inventaires manuscrits, plus ou moins détaillés, de plusieurs fonds religieux, vinrent s'ajouter à l'inventaire général primitif dont nous venons de parler. En 1904, Lahaye termina un inventaire sommaire des archives de l'évêché, du Séminaire et de l'Officialité, des églises collégiales, des cures, chapelles et bénéfices et, à la même époque, C. Van den Haute effectua un travail analogue pour les couvents. Lahaye dressa aussi des répertoires et listes de documents conservés dans le fonds des cures. Puis, en 1907, D.D. Brouwers (1906-1935), en s'aidant des travaux de ses prédécesseurs, termina un inventaire général sommaire (resté manuscrit) des archives de 1'administration centrale, des chapitres et des abbayes, (20)inventaire qu'il devait par la suite détailler sur l'un ou 1'autre point. De plus, à la même époque, il revit et compléta les inventaires sommaires de Lahaye et C. Van den Haute, auxquels il ajouta un inventaire du même genre pour les chapitres nobles et les abbayes, ce qui lui permit de publier (en 1909) un inventaire d'ensemble succinct de tous les fonds religieux du dépôt de Namur, donnant 1'essentiel sur la composition générale de chacun d'eux. Ces inventaires manuscrits du début du XXe siècle constituèrent, avec l'inventaire imprimé de Brouwers, des instruments de travail très commodes dont la consultation n'a cessé de rendre les plus grands services, d'autant plus qu'ils furent soigneusement complétés et tenus à jour au fur et à mesure des accroissements. Signalons, à ce propos qu'en 1917, M. F. Rousseau rédigea des inventaires analytiques de chartes et des répertoires de titres de propriété pour plusieurs chartriers et cartulaires ecclésiastiques, et qu'en 1922, M. F. Courtoy dressa une liste des cartes généalogiques produites pour la réception des chanoinesses d'Andenne.
Langues et écriture des documents
La quasi-totalité des archives sont en français ou en latin.
Le travail que nous présentons et qui doit beaucoup aux inventaires de nos prédécesseurs - auxquels nous tenons à rendre hommage, - doit être considéré comme un inventaire général sommaire de tous les fonds ecclésiastiques existant au dépôt des Archives de l'État à Namur (à 1'exception toutefois des volumes paroissiaux dont nous reparlerons). Nous insistons sur le caractère sommaire du présent inventaire. Un inventaire détaille eut été évidemment préférable, mais sa confection aurait exigé de très nombreuses années de travail et des recherches approfondies. Or il convenait de mettre, au plus tôt, à la disposition des chercheurs, un instrument de travail qui leur fit connaître le contenu et l'importance de chacun des fonds d'archives et leur permit de prendre connaissance, commodément et dans un minimum de temps, de la documentation dont ils avaient besoin.
Notre inventaire comprend 7 sections : I. Administration centrale (Évêché. Séminaire. Officialité). II. Églises collégiales (Chapitres). III. Chapitres nobles. IV. Églises paroissiales. Chapelles. Bénéfices. V. Abbayes. VI. Couvents. VII. Béguinages. Nous avons laissé de côté les volumes paroissiaux dont la collection, on le sait, comprenant quelque 1200 volumes (entrés pour la plupart en 1927) est la plus riche et la plus complète dans son genre existant dans les dépôts d'archives de l'État en Belgique ; ces volumes, nous l'espérons, feront plus tard l'objet d'un inventaire détaillé (signalons toutefois que plusieurs répertoires ont été établis pour cette précieuse documentation, qui permettent déjà de faciliter considérablement les recherches généalogiques ou autres). (21) En ce qui concerne la présentation des différentes séries de documents nous nous sommes heurté à certaines difficultés. En effet, l'ordre suivi par les archivistes namurois, dans leurs inventaires, n'avait pas toujours été le même pour chaque institution religieuse. D'autre part, des séries de documents avaient parfois été scindées en deux, voire en plusieurs parties. Ces anomalies provenaient, en ordre principal, du fait que toutes la documentation relative à chaque communauté religieuse n'était pas parvenue en bloc et en même temps. II convenait, par conséquent, d'unifier l'ordre de présentation des documents pour chaque chapitre, abbaye, etc., ce que nous nous sommes efforcé de faire dans la mesure du possible. Mais, alors, deux solutions pouvaient être adoptées : ou bien conserver tout bonnement l'ancienne numérotation des derniers inventaires manuscrits, ou bien la modifier et, dans certains cas, la bouleverser. Nous avons hésité et, finalement, nous avons choisi la première solution, (22)afin de continuer à considérer comme exactes et valables toutes les références déjà attribuées aux documents d'archives ecclésiastiques conservées au dépôt de Namur et, ainsi, ne pas compliquer inutilement les recherches. Au fond il importe peu d'ailleurs, nous semble-t-il, que des documents de même nature et d'une même institution religieuse, comme des cartulaires par exemple, n'aient pas été groupés dans les rayons, pour une raison ou l'autre, du moment qu'ils l'ont été dans 1'inventaire. Le lecteur ne devra donc pas s'étonner de trouver, dans la colonne de droite du présent inventaire, une numérotation offrant des solutions de continuité ou même un aspect assez bizarre.
Le présent inventaire ne satisfera évidemment pas tout le monde. II apparaîtra sans doute trop sommaire sur certains points et trop détaillé sur d'autres. Nous croyons cependant que, malgré ses imperfections et ses lacunes, - dont nous nous rendons parfaitement compte, - il permettra de mieux apprécier le contenu, la richesse, la variété, en un mot l'intérêt des différents fonds religieux conservés au dépôt des Archives de l'État, à Namur et, en même temps, de faciliter les recherches de tous ceux qui se préoccupent, non seulement des questions d'histoire ecclésiastique, mais aussi des problèmes d'histoire économique, sociale, juridique, intellectuelle, artistique, etc., pour lesquelles, on le sait, les archives religieuses constituent également une mine de renseignements des plus précieuses.
En terminant cette brève introduction, il nous reste à formuler un vœu : celui de pouvoir faire paraître, sans trop tarder et à des intervalles réguliers, des inventaires détaillés, analytiques et, en quelque sorte définitifs, de chacun des divers fonds d'archives religieuses du dépôt de Namur, pour le plus grand progrès des études historiques spécialement dans le cadre de la province de Namur. (23)
Les documents rassemblés dans la collection de fonds Archives ecclésiastiques ayant plus de 30 ans d'âge sont librement consultables.
Pour la reproduction des documents, les règles et les tarifs en vigueur aux Archives de l'État sont d'application.
Il s'agit ici de l'encodage de l'inventaire de Jean Bovesse publié en 1962. Pour les références bibliographiques, nous renvoyons à l'inventaire papier. Pour faciliter la numérisation de l'inventaire, une version papier a été scannée puis océrisée par le service Digit des Archives générales du Royaume. La mise en forme dans le format actuel des inventaires des Archives de l'État est le fait d'Emmanuel Bodart, aux Archives de l'État à Namur.